Stadium Municipal, Toulouse, 20 mai 1951
U.S. CARMAUSINE 14 - STADOCESTE TARBAIS 12(après prolongations)
Les équipes
US Carmausine :
J. Sagols, R. Deleris, G. Golaszewski, G. Cassou, F. Cassou,o) G. Lasmolles, m) R. Pagès (cap.), L. Aué‚ J. Régis, R. Pailhous, A. Dalla Riva, J. Gervais, R.
Carrère, L. Cornbettes, J.M. Bez.
Stadoceste Tarbais :
R. Chaubet, M. Cazaux, A. Lavantès, L. Suberbie, A. Bagnères, o) A. Abadie, m) L. Dufourc, A. Save, S. Tonus, G. Paratge, R. Soulet, J. Dutrey (cap.), A. Fourcade, R. Bel, M. Lafitte.
Les points
USC : Aué, essai, 3 pénalités et transformation.
ST : Lavantès, essai ; Chaubet, 3 pénalités.
Arbitre : Jean Rous
Toujours 48 clubs (huit poules de six) pour les phases initiales. Pour la première fois, c'est le Stadium Municipal de Toulouse qui accueillait le Te Deum annuel. Pour la première fois,
et contre toute attente, l'U.S. Carmausine y était conviée après avoir notamment défait Agen en quarts (5-0) et Montferrand en demi-finale (11-9). Son partenaire
était le Stadoceste Tarbais qui avait surpris par la netteté de sa victoire sur l'U.S.A.P. en demi-finale (15-0).
Bréjassou, futur international était blessé et remplacé par Soulet chez les Pyrénéens dont le seconde ligne et capitaine Dutrey, de gabarit moyen pour le
poste (1,79 m-92 kilos) se prévalait, à 37 ans, d'une expérience de longue durée.
Chaubet, pour sa seconde apparition en finale en cinq ans n'occupait toujours pas son véritable poste de troisième ligne centre. Cette fois-ci, il jouait à l'arrière !Les
Tarnais avaient eu des problèmes pour composer leur équipe. Marcel Dax, l'entraîneur, avait joué tout l'hiver ; à partir des quarts, il préféra laisser
sa place à des éléments plus jeunes. De tels gestes spontanés sont rares et méritent la mention. Plus grave : la veille de la finale, l'ailier André
Régis, victime d'une angine phlegmonique, dut renoncer.
Le centre Déleris glissa à l'aile pour laisser place à Golaszewski, troisième ligne de prédilection mais joueur polyvalent.
La place libre dans le pack revint à Jean Régis dont c'était le premier match depuis le 21 janvier en raison d'une fracture de l'avant-bras.
Les deux équipes ne présentaient peut-être pas de grandes étoiles. Elles avaient pourtant gagné leur place en finale le plus loyalement du monde. Dans un stade
bondé, le jeu ne s'éleva pas au-dessus du moyen. Contractées par la dignité du moment, les deux équipes commirent beaucoup de fautes, mais exemptes de
déloyauté. Et les buteurs eurent l'occasion de se mettre en valeur. Au terme des 80 minutes réglementaires, le score était de 9 partout : trois pénalités
d'Aué‚ contre trois de Chaubet. Francis Cassou s'était vu refuser un essai pour un léger en-avant dans les mains.
Deux minutes après le début de la prolongation, ce fut le tournant de la rencontre. Aué prit une balle à la touche en fond d'alignement, s'échappa et marqua
malgré le placage de Chaubet. Il réussit lui-même la transformation (14-9).Le match n'était certainement pas terminé. Les Carmausins furent bientôt
réduits à quatorze, puisque Francis Cassou, touché, sortit du terrain ; Pailhous prit sa place à l'aile. Lavantès intercepta alors une contre-attaque hasardeuse des
Carmausins sur leurs buts et pointa en moyenne position un essai dont Chaubet ne réussit pas la transformation (14-12).La marque n'allait pas changer malgré trois tirs de loin des
Pyrénéens et une occasion d'essai à peu près inéluctable à la 105e minute ; Lavantès, pensant finir seul, ne servit pas Bagnères
décalé à dix mètres de la ligne tarnaise.
Les Carmausins, que personne n'attendait à pareille fête, laissèrent éclater leur joie tandis que les Tarbais, désorientés, commencèrent à
remâcher les regrets toujours recommencés des occasions perdues. Plus de vingt ans après, les yeux de quelques uns s'embuaient à l'évocation de ce titre,
parfaitement à leur portée, qu'ils avaient laissé filer…
Encyclopédie du rugby français, P. Lafond & J-P Bodis, éditions Dehedin.
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