Parc des Princes, Paris, 2 mai 1987
R.C. TOULONNAIS 15 - R.C. FRANCE 12
Les équipes
RC Toulonnais :
J. Bianchi, P. Jehl (D. Jaubert 39e), A. Carbonel, P. Trémouille, E. Fourniols, o) C. Cauvy, m) J. Gallion (cap.), T. Louvet, E. Melville, E. Champ, J.C. Orso, M. Pujolle (Y. Roux 66e), Y.
Braendlin, B. Herrero, M. Diaz.
RC France :
D. Pouyau, J.B. Lafond (P. Guillard 41e), R. Autié‚ E. Blanc, Y. Rousset, o) F. Mesnel, m) G. Martinez (cap.), X. Blond, C. Atcher, L. Cabannes, P. Serrière, M. Tachdjian (F.
Helière 65e), M. Dawson, J.P. Genet, E. Stefan.
Les points :
RCT : Jaubert, essai ; Bianchi, 2 pénalités et transformation ; Trémouille, drop.
RCF : Genet, essai ; Pouyau, 2 pénalités et transformation.
Arbitre : Jean-Claude Doulcet
Le groupe A avait été organisé en quatre poules. Les deux premières qualifiaient dix clubs et les suivantes six. L'initiative de constituer une élite ne dura que
cette saison. Les demi-finales avaient été serrées : Toulon avait battu Agen de justesse, grâce à une pénalité jugée sévère par les
Agenais (18-16) et le Racing avait créé la surprise en écartant le Stade Toulousain (10-9).
Les Parisiens alignaient deux piliers étrangers, le Sud-Africain Dawson et le Roumain Stefan. Brett Gosper, le centre australien qui avait disputé presque toutes les rencontres, fut
victime du règlement qui interdisait moins de treize Français. Il se retira dans la tristesse et la dignité et beaucoup pestèrent contre les statuts fédéraux
et leur application intransigeante. Les lignes arrières du R.C.F. s'étaient organisées dans le « Show-Bizz » et se distinguaient par leur talent et des
facéties de tenue qui ne manquaient pas d'humour. Pour la grande fête, elles se présentŠrent avec un noeud papillon rose.
On attendait la supériorité toulonnaise. Les avants étaient plus athlétiques et techniques que leurs adversaires. Ils durent pourtant livrer une bataille difficile,
âpre, mais toujours correcte pour s'imposer à des homologues qui réussirent une superbe résistance.
Pouyau, juste avant le quart d'heure de jeu, sanctionna en hors-jeu toulonnais d'une pénalité et Bianchi, pour la même raison lui rendit la pareille à la seizième
mmute (3-3). Cinq minutes plus tard, MelvIlle récupéra une balle après une touche et Trémouille passa un joli drop de 40 mètres (6-3) ; puis Bianchi réussit
un but pour hors-jeu de Stefan : 9-3, trentième. Cinq minutes plus tard, Franck Mesnel, qui, par son allure, évoquait Yves du Manoir, provoqua une large brèche difficilement
comblée par les Toulonnais bientôt sanctionnés pour obstruction : but de Pouyau et 9-6 à la mi-temps.
A la reprise, Guillard remplaça Lafond diminué et les Méditerranéens continuèrent à dominer légèrement. A la cinquante deuxième minute,
après mêlée aux vingt-deux mètres du Racing, un regroupement provoqué par Trémouille permettait à Gallion de lancer Carbonel sur le côté
fermé et Jaubert - dix-huit ans et demi - plongeait près du drapeau de coin. Bianchi réussissait une splendide transformation (15-9).
Les Parisiens ne courbaient pourtant pas la tête. Tachjian devait toutefois sortir en raison d'un poignet fracturé. Hélière rentrait en numéro 8 et Atcher devenait
seconde ligne. Le nouveau troisième ligne centre ne pouvait s'assurer du ballon, récupéré par Champ, puis par Melville et enfin Louvet. Ce dernier voyait sa passe
interceptée par Genet qui marquait un essai volontaire transformé par Pouyau. 15-12 et il restait douze minutes à jouer.
Les Parisiens jouèrent leur va-tout : Guillard était repris aux quarante mètres varois (74e minute), Pouyau ratait l'égalisation sur pénalité (75e minute),
le pack bleu et blanc perdait une balle sur son introduction dans les vingt-deux mètres toulonnais… Jean-Claude Doulcet libéra les Varois de leur angoisse : ils attendaient le titre
depuis cinquante six ans !
Et, comme en convint Gérald Martinez au terme des débats, ils ne l'avaient pas volé ! Malgr‚ la fraîcheur, la spontanéité et le talent des Racingmen !
Encyclopédie du rugby français, P. Lafond & J-P Bodis, éditions Dehedin.
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