Comment les Ambassadeurs charment leurs auditoires

Publié le 13/02/2009


Au cours de débats passionnés, les Ambassadeurs rencontrent un public attentif et alerte au rugby.

A chaque étape, LNR.FR vous propose de retrouver l'avis de spectateurs de cette tournée qui fait étape à Bourges (27 et 28 janvier), Evreux (11-12 février), Valence (24-25 février) et Mulhouse (10-11 mars).

ETAPE 4 - 10/11 mars 2009 - Mulhouse (alsace -lorraine)

Stéphane Fimbel
22 ans, Ailier du RC Mulhouse

Pour moi, le rugby représente le groupe, une famille… un moyen de tisser des liens forts par une activité ludique et intense. C'est également le moyen de se défouler dans un cadre bien établi et une ambiance seine.

Mais c'est difficile ici, le football reste majeur. A part quelques clubs de l'Isère comme Bourgoin ou Grenoble, et Paris, le rugby n'est pas encore très développé dans le Nord, et encore moins dans notre région. La meilleure formation du comité est Strasbourg, et elle évolue en Fédérale 2.

Je pense que cela pourrait se développer et se stabiliser si des anciens rugbymen, ou des joueurs en fin de carrière venaient ici et chaussaient les crampons. Je ne sais pas, Fabien Pelous pourraient venir jouer un ou deux ans à Mulhouse (rires)… des joueurs charismatiques tireraient le rugby alsacien vers le haut.

Les Journées des Ambassadeurs aussi peuvent provoquer un déclic… Ca fait vraiment plaisir de voir des joueurs de ce niveau, je n'en avais jamais vu. Ils nous on dit des
choses très intéressantes, notamment de s'en sortir avant tout dans les études, car le rugby est une chose, une belle chose, mais ça ne dure qu'un
temps… c'était très constructif et très sain…

Sur la photographie, Stépahne Fimbel pose aux côtés de Julien Ledévedec du Stade toulousain


Bernard Fellmann

Président du RC Mulhouse

J'ai été touché par le rugby un peu par hasard. En 4ème, nous avions un professeur qui n'aimait pas le football et qui nous a fait jouer au rugby…j'ai continué, d'abord parce que j'avais la carrure pour, mais surtout parce que j'y ai trouvé des chose qu'on ne trouve pas dans les autres sports : cet état d'esprit… ce respect, que ce soir vis-à-vis des coéquipiers, des adversaires et de l'arbitre… et cette pudeur qu'ont les joueurs de ne pas s'exposer, contrairement au football où l'on se montre trop !

Le rugby en Alsace est bien évidemment un plaisir avant tout, mais c'est surtout un immense chantier et un travail de pionnier. Il n'y a pas beaucoup d'adversaires à proximité alors nous allons les chercher loin, parfois à 500km. Et je suis en admiration devant les jeunes de notre comité et leurs parents pour leur investissement et leur motivation. Lorsque l'on demande aux gosses de partir à 3h du matin, pour jouer une heure et demie, repartir et aller en cours le lendemain, le tout sans rechigner… ça force le respect.

Et tout est lié. Du fait de ne pas avoir beaucoup de clubs, les jeunes arrêtent, car ils se rendent compte que ça ne vaut pas le coup de partir tout le week-end et d'aller en cours ou au travail dès le lundi… je ne me voile pas la face ! Nous avons aujourd'hui trente ou trente cinq juniors, nous n'en garderons que six ou sept en sénior. Cela rend notre évolution compliquée. Il est sur que s'il y avait deux ou trois fois plus de licenciés, ce serait différent.

Tout ce qui est médiatique et qui peut faire bouger les choses est bénéfiques. Alors les Journées des Ambassadeurs, où toutes les forces vives du rugby s'engagent, avec la Ligue, la Fédération et la Société Générale, tendent dans ce sens. Et quand je vois tous ces gamins, le regard illuminé par la vue des joueurs professionnels, et ravis d'avoir pris du plaisir sur le pré à leurs côtés, c'est un vrai régal, et ça participe à mieux faire connaître et ancrer notre sport ici.




etapE 3 -10/11 mars 2009 A valence (drôme-ardèche)





Lilian Cambérabéro : « Il y a les moyens humains »

Les Journées des Ambassadeurs, de passage dans la région Drôme-Ardèche, y ont trouvé un Comité ambitieux, à la recherche d'un club de haut niveau, mais qui a connu un passé glorieux, avec notamment La Voulte. Lnr.fr a rencontré Lilian Cambérabéro, champion de France avec le club voultain en 1970.

Les cheveux sont blancs et le temps a certes fait son œuvre, mais ses profonds yeux bleus pétillent toujours lorsque l'on évoque l'année 1970 et que l'on fait référence au bouclier de Brennus. Cette année là, le club voultain s'extirpe difficilement des phases de poule pour jouer les phases finales… au bout du chemin, Toulouse et la finale du Championnat remportée 3-0 face à Montferrand, dans le sillon d'une charnière landaise, reine de l'Ardèche, composée par Lilian et Guy, « les Cambé Tyrossais » ou « les lutins de La Voulte ». Mais l'homme coupe net, ne voulant résumer l'histoire de la formation ardéchoise à cet unique fait d'arme : « Tout le monde parle du titre de 70, mais l'histoire remonte bien avant cela. Il faut souligner que nous jouons une demi-finale en 59, puis en 65 et donc en 70. Et hormis 61 où nous n'atteignions pas les phases finales, nous avons toujours joué au moins les 16ème… »

Un véritable exploit pour une formation qui évoluait 15 ans plus tôt à l'échelon inférieur, et qui, avec l'arrivée des frères Cambérabéro, va connaître une année charnière en 1955. « Lorsque nous sommes arrivés, La Voulte jouait en Deuxième division, mais c'était déjà une belle formation. Guy était International C en arrivant et a donc débuté directement en Equipe 1, moi j'ai gagné ma place au fur et à mesure. Et dès notre première saison, nous montons ». Petit à petit l'équipe s'impose sur le devant de la scène, devenant le porte drapeau d'une région amoureuse du ballon ovale qui vient au stade en masse… 11.000 personne se pressant dans les travées pour voir jouer La Voulte, alors que la ville compte à peine 5.000 habitants ! Mais dans les années 50 et 60, les joueurs ne signaient pas dans une équipe pour la gloire ovalique, mais pour vivre. « Nous venions dans un club pour le travail avant tout. Et à La Voulte tous les rugbymen, et tous les sportifs en général travaillaient dans l'usine Rhône-Poulenc » se souvient l'homme…

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etapE 2 -11/12 fevrier 2009 A EVREUX (NORMANDIE)

10 heures-12 heures : visite de la chocolaterie Cluizel et rencontre avec le personnel

Chrystelle Rouxel, 19 ans, informaticienne :

"C'est la première fois que des personnes extérieures viennent nous rendre visite. Ce n'était jamais arrivé et je suis venu prendre des dédicaces pour mon neveu et ma nièce qui sont fans de rugby. Personnellement, j'aime bien regarder le rugby. J'aime ce sport car le ballon est ovale. je trouve ça bien que les rebonds soient totalement indécis. On ne sait jamais où il va rebondir et il n'est pas pratique à attraper et c'est le but du jeu. C'est cela que j'aime bien.

Cela fait un an et demi que je suis dans l'entreprise Cluizel et suis originaire de Damville, qui est juste à côté. Je regarde surtout l'équipe de France et c'est vraiment bien que de telles personnes viennent nous voir."

Sandrine Hurel (à gauche sur la photo), 37 ans, fabrication :

"Mon travail consiste à couler le chocolat dans des moules. En ce moment, on prépare Pâques donc on a des oeufs, des poules, des lapins et des tortues. Il y a aussi les clôches…le travail peut paraître répétitif mais il arrive qu'on change de poste, cela évite la routine. Je n'aime pas trop le chocolat noir mais on est quand même dans un milieu sympathique.

Je suis employée de Cluizel depuis 5 ans et c'est la première fois que les ouvriers peuvent assister à la visite de personnalités. C'est super ! Mon mari pratique le rugby mais il a été victime d'une fracture de la malléole l'an passé et il ne peut plus jouer. J'aime bien ce sport et nous sommes déjà allé voir des matchs de championnat. C'est sympa, il y a une bonne ambiance. personnellement j'aime bien le Stade Français. Pas à cause du calendrier, mais parce qu'ils jouent bien je trouve. Ils méritent leurs titres.

Je ne suis jamais eu l'occasion d'aller voir la finale, mais j'aimerai bien, ça doit être sympa le Stade de France. J'ai trois enfants. Une fille de 18 ans, et deux garçons de 12 et 8 ans dont l'aînbé veut commencer le rugby. Le dernier, lui, court vite. Il ferait un bon ailier."

ETAPE 1 - 27/28 Janvier 2009 - BOURGES (Centre)

14h30-18 heures : Rencontre avec 200 jeunes rugbymen (6 ans à 16 ans)

Jean-Eudes Guillon, éducateur-professeur de sport au collège Littré de Bourges :

"Cette opération n'est pas un coup d'épée dans l'eau, je le prends comme une vraie reconnaissance de la part des joueurs professionnels. Ils viennent de manière bénévole rencontrer tous les amoureux du rugby et c'est une très très belle démarche. Venir dans une région où le rugby professionnel n'existe pas, c'est très important pour les enfants. Pour la première fois de leur vie, ils vont pouvoir rencontrer des joueurs de clubs qu'ils aiment, qu'ils suivent à la télévision, dont ils ont des posters aux murs ou qui sont dans l'album Panini. Pour eux, cet échange est magnifique…

Les Ambassadeurs viennent avec l'état d'esprit du rugby : ils sont simples, faciles d'accès, sont sérieux sans se prendre au sérieux. Je crois sincèrement que cette humilité va rester encore longtemps ancrée dans notre sport. Personnellement, ayant été arrière à Dijon en groupe B en 1991, j'aime beaucoup Benjamin Thiery qui a encore une marge de progression devant lui. J'ai aussi joué à Metz avec le père de Morgan Parra et j'entraîne désormais les Seniors à Bourges.

En tant qu'éducateur, côtoyer de tels joueurs est aussi un grand moment. Dans le Centre, on se bat tous les jours pour le rugby. Les gamins, ont va les chercher…ce n'est pas évident dans une région où médiatiquement le rugby n'a pas une place de premier choix car ici c'est plus le football et le basket. Pourtant, au niveau régional nous avons une des plus grosses réunions d'élèves avec les Ovalides de l'Union nationale du sport scolaire (UNSS). En primaire ou au collège on se rend compte que les jeunes adorent jouer au rugby, ça marche très bien. Malheureusement, ensuite on doit faire face aux réticences des parents qui voient le rugby comme un sport de brutes, et à une habitude culturelle qui n'existe pas. Le plus dur est de conserver les enfants car leurs copains vont aller au foot ou au basket. Pourtant nous avons des clubs en Fédérale 2 et 3 et des structures très correctes pour les accueillir."

Nathalie, maman de Matthis (8 ans et demi) :

"C'est la première année que mon fils fait du rugby mais ça faisait déjà 1 an qu'il voulait s'inscrire. Son père joue déjà alors évidemment il a voulu en faire de même mais c'est lui qui a choisi. Il aime vraiment ça car il en parle souvent à la maison et il a accroché des posters de l'équipe de France dans sa chambre.

Personnellement, j'ai vraiment du mal avec les règles ; parfois c'est assez compliqué mais sinon j'aime bien regarder. La mentalité de ce sport est importante pour les enfants, c'est une activité sportive qui apprend le respect et qui véhicule une bonne ambiance. En tant que maman, cela fait partie de l'éducation d'un enfant. C'est important le respect.

Que des joueurs professionnels viennent ainsi les rencontrer c'est super ! Pour les éducateurs, les parents et les enfants c'est constater que ces joueurs dont c'est le métier ne se sont pas coupés des bases de leur sport et s'intéressent aux enfants. Ce soir Matthis va rentrer très heureux et va pouvoir rendre jaloux son père. L'an passé, un de ses copains d'école était allé voir un match du RUGBY TOP 14 Orange avec le club de rugby. Matthis a alors insisté pour qu'on l'inscrive cette année. Nous allons l'emmener voir un match je pense. C'est ça qu'il y a de bien avec le rugby : on peut y aller en famille sans craindre un problème quelconque. On sait qu'on passera un bon moment. Ca sert à ça le sport, non ?"

Photos : N. Lavallée - LNR.FR

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