A Bordeaux, le bord de la Garonne accueille le rugbyparc

Publié le 28/05/2009

Il faut imaginer le lieu avant. En fait, c'est impossible. Il n'y a que les terrassiers et ouvriers ayant travaillé à l'aménagement des bords de la Garonne qui peuvent témoigner. Où désormais terrain de foot en synthétique, play-groud avec bancs pour les remplançants, vastes parties gazonnées, et rires d'enfants résonnent auparavant il n'y avait qu'un cimetière. Pas de ceux avec pierre tombale, fleurs en plastiques et veuves épleurées mais un ramassis de cadavres de bouteilles de toute forme, tous cépages et tous millesimes, seringuées usagées mais certainement réutilisées, papiers gras et vieux, comme un inventaire à la Prévert.

Il a fallut une prise de conscience que Bordeaux la « belle endormie » sentait l'éther et la naphtaline pour que la municipalité copie le baron Haussmann et permette à la ville, dont Michel Eyquem de Montaigne fut maire, d'être classée en juin 2007 au patrimoine mondial de l'humanité. Désormais, les quais animés lorsque Bordeaux était encore un port négrier puis marchand, avant d'être laissé au vent et aux aux mouettes pendant plusieurs décennies, sont devenus une promenade réputée. De Sainte-Croix au bassins à flot, place est rendue aux vélos, promeneurs, chiens en vadrouille et aux jeux. Depuis le 27 mai et jusqu'au 29 mai, un « rugbyparc » anime ainsi le quai Belcier.

« C'est quand même chouette de pouvoir voir de l'autre côté du fleuve et d'admirer les façades en front de Garonne », s'enthousiasme un employé municipal chargé de prêter ballons et filets de badminton en échange d'une carte d'identité. "On est là tous les jours et tous les jours il y a des minots qui viennent taper dans un ballon, faire du rollerou s'allonger dans l'herbe« . Et l'école ? : »Nous ne sommes pas leurs parents, lâche l'homme de la mairie dans un soupir. "Et puis ils savent que leur drôle ne traîne pas dans les rues, qu'il est ici. Il a moins de chance de faire de mauvaises rencontres", ajoute t-il plein de foi en la nature humaine.

Sur le mini-terrain gonflable aux couleurs de l'Union Bordeaux Bègles, une poignée de gamins tentent de tenir debout, qui plus est un ballon dans les mains : "Non mais en vrai c'est drôle, lance Mehdi avec son sourire édenté. On rebondit comme le ballon en fait« . Derrière la main courante, Alain »bientôt 63 ans", jette un oeil sur son fils, Adrien « bientôt 8 ans » : "On a profité de l'occasion car on sort de l'observatoire de musique où mon fils fait du piano, explique ce bordelais aux tempes grisonnantes et à la retenue toute girondine. C'est très sympa et ça tombe bien car Adrien parle de faire du rugby mais bon il a déjà du judo, du tennis, du piano et du roller au programme alors je ne vois pas trop comment on va pouvoir lui caler ça dans son agenda de ministre". Adrien, lui s'en fiche, il est là pour s'essayer au ballon ovale et en ressort le visage bordeau et les cheveux trempés de sueur.

"Les activités tournent en permanence. Il n'y a pas d'attente pour les enfants mais pas de temps morts pour les animateurs, explique Isabelle Lafon d'Ovaland la structure mettant en place les animations pour la LNR. Le beau temps est vraiment un cadeau du ciel et le cadre est magnifique". Avec elle, 4 animateurs d'Ovaland et 4 autres de la mairie permettent aux enfants de s'essayer -gratuitement- à envoyer le ballon à hauteur d'un deuxième ligne propulsé en touche, pendant que d'autres tentent des pénalités (à la main !) et qu'un quatrième atelier vous fait ramper sur un matelas gonflable pour tenter de frapper le premier sur un ballon et de valider un essai.

« Et qu'y a t-il à gagner ? »demandent les enfants. Rien, si ce n'est le bonheur de passer un bon moment au bord de la Garonne, sous le soleil et de s'essayer au rugby pieds nus dans le sable. Ce qui, finalement, est beaucoup tellement cela est rare…

..