Bleu un jour, bleu (pas) toujours: Eric Artiguste, 1999

Bleu un jour, bleu (pas) toujours: Eric Artiguste, 1999

Publié le 19/11/2010

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Samoa-France le 12 juin 1999, 22-39.

- Comment avez-vous appris votre sélection pour la Tournée 1999 dans l'hémisphère Sud ?

Initialement je devais partir avec les Barbarians britanniques en tournée en Argentine. Ce jour-là, alors en fin de contrat à Castres, j'étais dans le bureau du président d'un autre club pour évoquer une mutation (Eric Artiguste quittera finalement Castres en 2002 pour Pau, NDLR). En sortant de son bureau, j'allume mon téléphone, et là je vois 70 messages en attente. Je me suis dit : « C'est quoi ce truc ? ». J'écoute un message et la personne me félicitait pour ma sélection en équipe de France. Sur le coup je me suis vraiment senti très heureux.

- Selon vous, pourquoi vous avez été sélectionné alors ?

A ce moment-là Stéphane Glas s'est blessé avec Bourgoin. Castres venait de se faire éliminer en quart de finale du championnat contre Montferrand, je me préparais à partir en Argentine, donc j'étais disponible.

- Quel est votre sentiment sur le coup ?

J'étais très très heureux. Etre appelé en équipe de France c'est la cerise sur le gâteau. Lorsque vous commencez une carrière de sportif de haut-niveau, c'est le summum. Porter la « cocotte » c'est un événement.

- Cela a t-il été une surprise pour vous ?

Sur l'instant oui car je me préparais pas à porter le maillot bleu. Mais à l'époque on me répétait souvent que j'allais être appelé ; que je le méritais ; que mon tour allait venir. Je lisais cela dans la presse spécialisée, mes entraîneurs le disaient ainsi que d'autres joueurs. J'avais aussi pas mal de sélection en équipe B. J'avais remporté deux boucliers avec Toulouse en 1995 et 1996 ainsi que la Coupe d'Europe. Donc, sportivement ce n'était pas illogique. Mais sur l'instant, cela a été une vraie surprise.

- Etes-vous amer de n'avoir porter le maillot bleu qu'une seule fois ?

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Eric Artiguste alors au Castres olympique

Sincèrement, je suis très fier d'avoir eu cet honneur. Tant de joueurs méritants n'ont pas porté ce maillot que j'en retire beaucoup de fierté. Vous imaginez qu'un joueur comme Albert Cigagna qui était un très grand joueur, n'a joué qu'une fois en équipe de France ! (Cigagna a joué le match pour la 3e place de la Coupe du monde 1995 à 34 ans et 9 mois, un record ! NDLR). Et Stéphane Ougier ? 6 fois champion de France, 4 sélections ! Un super joueur lui aussi. Tout comme Didier Lacroix. Aujourd'hui il y a certainement plus de turn-over dans les essais en équipe de France, mais à l'époque en général lorsque vous étiez appelé vous restiez un peu…

- Et pourtant, vous jouez contre Samoa, vous mettez un essai et votre carrière internationale se termine là…

Oui mais il faut dire aussi que je venais de me faire opérer du genou. J'étais revenu quelques mois avant. Face à Samoa, mon genou a été très sollicité à cause du terrain embourbé. A la fin du match il avait triplé de volume. Je n'ai rien dit, j'ai voulu continuer à m'entraîner pour jouer les matchs suivants face à Tonga et la Nouvelle-Zélande mais au final, je me suis fait réopérer en rentrant en France. La sélection en équipe de France recèle aussi une part de chance.

- Vous auriez pu revenir en équipe de France ensuite ?

En 1999 j'ai 29 ans. Cette année-là il y a une Coupe du monde à laquelle je ne participe pas. J'ai sans doute laissé passer ma chance. Du coup, je ne suis plus dans les petits papiers, je ne corresponds plus au choix des sélectionneurs. Evidemment, je conserve un petit regret de n'avoir pu me montrer qu'une seule fois mais au moins l'ai-je vécu. Je pense que si je n'avais pas connu cela, oui, je serais amer et malheureux.

- Que conservez-vous comme souvenirs de cette tournée ?

D'abord le voyage ! Samoa, Tonga, Nouvelle-Zélande ! Du rêve. Le maillot aussi mais il faisait tellement moche qu'il est dans un sale état. C'est surprenant mais je ne suis pas très fétichiste. Si vous venez chez moi, rien ne fait penser que j'ai été rugbyman.

- Et du match, quels souvenirs conservez-vous ?

C'était très fort car je jouais avec de vrais amis : Ugo Mola, Thomas Castaignède, Emile Ntamack. Je peux vous dire que « La Marseillaise » je l'ai chantée à gorge déployée. Je pense avoir eu une pensée envers ma famille qui m'avait avoué sa fierté de me savoir en Bleu.

- Vous sentez-vous « international » ?

(Silence). Je n'ai qu'une cape donc c'est léger. Ce qui compte dans la vie c'est le respect que l'on inspire aux gens, l'image que vous laissez…

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